Cet article examine l'adaptation des acteurs nationaux privés et publics au système politique de la Communauté européenne en se concentrant plus particulièrement sur le cas de l'intermédiation des intérêts au niveau européen de la part des organisations professionnelles françaises. Compte tenu de la structure à niveaux multiples qui caractérise le processus politique communautaire et la dépendance au sentier institutionnel (path dependency), on peut s'attendre à ce que les associations professionnelles françaises, dont les stratégies d'intermédiation des intérêts sont conformes au modèle étatique de gouvernance, rencontrent des difficultés lorsqu'il faut s'adapter au style politique européen. En effet, les instruments et moyens utilisés avec succès sur le plan national pourraient s'avérer inappropriés au niveau européen, étant donné les différences qui existent entre les deux systèmes. En s'appuyant sur des données quantitatives, cet article s'attache à déterminer si une européanisation de l'intermédiation française des intérêts a eu lieu, et sous quelle forme.